Auteur: E. Bigler
Date: 15-09-2003 10:08
les natures mortes sont plus facilement mise en oeuvre
avec une chambre sur laquelle on a la possibilité de faire la mise au point avec la
partie arrière de l'appareil.
Cette judicieuse remarque de Christian Nze a pour origine quelques lois de base de la conjugaison optique qui passent inaperçues tant qu'on utilise un appareil de petit format, ou plutôt quand on utilise des focales qui ne dépassent pas 80-100mm quel que soit le format, et qu'on ne s'approche pas du rapport 1:1. Le problème est plutôt lié à l'amplitude des déplacements requis pour régler indépendamment une mise au point et un grandissement en proxiphoto et en macro avec des focales de plus en plus grandes telles que celles utilisées en grand format ; signalons néanmoins que les objectifs macro en 24x36 sont souvent des 100mm et plus, alors qu'en 9x12-4"x5" on peut utiliser des 120mm macro qui couvriront le format. Les amplitudes de déplacement entre un 120 macro pour 24x36 et un 120 de chambre sont, évidemment, exactement les mêmes.
Les amateurs de macro photo connaissent bien toute cette affaire, qu'ils me pardonnent donc d'enfoncer ici quelques portes ouvertes.
Je m'explique. Avec n'importe quel appareil, avec un objet situé très loin, bouger le corps arrière (le film ou le silicium) ou l'objectif par rapport au pied supposé fixe par rapport à l'objet donne la même chose avec la même sensibilité/précision de la mise au point. De façon courante on fixe donc la partie arrière par rapport au pied on déplace l'objectif, tout le monde est content ainsi.
Au rapport 1:1, tirage 2f-2f, au contraire on tombe dans une situation très curieuse dans laquelle le fait de bouger l'objectif par rapport au sujet ne permet pas de régler la netteté facilement sans provoquer des variations du grandissement. Lorsqu'un appareil reflex en PF ou MF est utilisé en macro, il est avantageux d'utiliser un mouvement supplémentaire qui bouge tout l'appareil plus son soufflet pour faciliter le réglage indépendant de la mise au point et du grandissement. Il y a différentes combinaisons possibles pour ces soufflets, je n'entre pas dans le détail, on comprend qu'il faut deux réglages fins indépendants.
Sur une chambre dont la partie arrière est mobile, c'est à dire dont on peut faire varier la position du film à volonté par rapport au sujet, lorsqu'on s'approche du rapport 1:1, on a la meilleure rapidité/sensibilité pour la mise au point par ce mouvement là ; translater le corps avant permet des retouches fines du grandissement ; déplacer toute la chambre permet un réglage de grande amplitude du grandissement souhaité. Une chambre de campagne non équipée de déplacement longitudinal à l'arrière est parfaite à l'infini mais de plus en plus handicapée au fur et à mesure qu'on s'approche du rapport 1:1, sauf si on place tout cet équipage sur un rail coulissant supplémentaire.
Il est donc difficile de condamner sans nuance la chambre de campagne dépourvue à l'arrière d'engrenage ou de déplacement longitudinal ou dépourvue de réglage fin à l'arrière (je pense au Kit Bender à coulisses simplifiées sans engrenage) pour des natures mortes si on ne s'approche pas trop près de 1:1. En l'absence de translation arrière, et sans rail coulissant supplémentaire, on passe progressivement du grand confort à l'exercice de portage/déplacement du trépied qui est un sport comme un autre après tout : il en a qui payent fort cher pour faire de la musculation dans des salles urbaines spécialisées. D'autres préféreront faire de la macro au voisinage du rapport 1:1 avec une bonne Linhof Technika 13x18 à abattant frontal, l'écrou de pied bien vissé sans coulisse supplémentaire en-dessous de l'abattant frontal, le tout bien campé sur un robuste Gitzo N°5 et sa tête rationnelle ad hoc, tout métal...
Bien entendu la chambre monorail à système offre toutes les possibilités : déplacements indépendants des corps avant et arrière, coulissement rapide de toute la chambre le long du rail par pincement sur un manchon intermédiaire. Mais là je sors du sujet qui concernait uniquement les chambres de campagne, on pourrait néanmoins dire que l'ajout d'un rail longitudinal libère la chambre de campagne de quelques contraintes en macro, et que la monorail fait cela par construction.
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