Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 19-09-2009 12:07
Ahahah ! Nous y voilà, vous ne voulez pas faire de la photographie mais de la peinture ;-))#
L'archevêque de Moisenay était tellement trichrome, que toute sa vie il a cru qu'il faisait de la tarte tatin en peinture.
Bon : j'ai repensé à ce que dit Raphaël S. :
Si seulement une photo n'était que paires de lignes vous seriez bien avancés.
Photo créative, n'en parlons pas ici, mais imaginons la photo-copie, comme celle qui émerveillait la Mission Héliographique, tous ces fins détails que le collodion humide enregistrait et que l'oeil n'avait pas vus !
Imaginons que vous cherchiez, pour un client sympathique (pas un de ces clients dont Jean D. se plaint), à faire sur film 20x25 cm une reproduction extra-super-top d'un grand tableau d'un vénéré Maître Ancien (** Note 1).
Par exemple un tableau qui mesurerait 666 x 990 cm et dont on chercherait à capturer les plus infimes détails, jusqu'à la trame de la toile. Imaginons que cette trame soit au pas de 1 millimètre, soit une période par millimètre si on préfère. De votre collection vous sortez un apo-ronar propre-en-ordre, et pour n'utiliser que la partie centrale du champ, la meilleure, au lieu du 360 sur Prontor Pro N°3, vous sortez le 480 sur Compoud N°5. Un rapide coup d'oeil aux fiches techniques Rodenstock qui ne quittent pas votre table de nuit indiquent pour ce 480 que vers f/45 cet l'apo ronar sera pas loin de la perfection absolue.
Hélas, un théoricien de vos amis, un casse-c...es de première (soit dit en passant), se met à rigoler : Whaarff ! Mort de Rire ! à f/45 et 0,7 microns de longueur d'onde, ton apo ronar va couper à 32 microns de période ; or pour faire rentrer tout ton tableau dans le format 20x25 cm, tu devra travailler au grandissement 1/40, 32 microns x 40 nous donnent 1,3 mm, tu es déjà dans les choux pour la trame de ta toile, et encore je sais que Véronèse, intraitable sur la finesse de ses toiles, n'utilisait que du 2 périodes au millimètres, jamais plus grossier ! De plus bonjour la distorsion ! dès que tu quittes le rapport 1:1, ton apo ronar se met à distordre d'enfer !!
Sans se fâcher, vous vous dites alors, citant M. Gonidec de Galerie-photo : finalement, peu importe la netteté, seule l'émotion compte !
Le théoricien vous dit alors : tiens, intéressant, c'est vrai çà, finalement, une photo ce n'est pas que des paires de lignes, mais à partir de quand l'émotion de ce tableau va-t-elle passer de façon acceptable pour le client ?
Quelque temps avant la prise de vue, le client révèle qu'il s'agit en fait des Noces de Cana de Véronèse.
Outch ! Effrayé par les démarches à faire et les frais à payer auprès des autorités françaises qui veillent sur le fameux tableau, vous proposez alors au client une idée saugrenue : et si on mimait la scène, au lieu de photographier le tableau ? On trouverait bien des potes de galerie-photo pour se costumer, Raphaël S. ferait Jésus, l'archevêque de Moisenay avec sa barbe blanche ferait Matthieu-l'Évangéliste, seul le rôle de Judas serait un peu difficile à distribuer.
Alors vous vous rendez compte que photographier un tableau plat aurait été plus facile : les chiens (prêtés par votre beau-frére) au premier plan, qui bougent sans arrêt, obligeant à travailler au moins au 1/250s, donc au-delà de ce que le Compound N°5 peut faire, plus la profondeur de champ qui doit, au moins, monter jusqu'au Ciel !
Vous vous dites alors : bon sang mais c'est bien sûr ! Au diable le 20x25 sur film ! Je vais photographier la scène reconstituée avec un reflex silicium réglé sur 12000 ISO ! Comme çà les chiens turbulents seront figés, et ne dit-on pas que plus la focale est courte, plus la profondeur de champ est élevée ?
(** Note 1) À propos des maîtres anciens, on attribue à Lord Beaverbrook, le responsable des programmes d'armement britanniques pendant le Blitz, la remarque suivante ; « Préférez les maîtres anciens aux jeunes maîtresses, lorsque vous vous en séparez, vous en tirez plus de profit »
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